Sûrement que ça t’ait déjà arrivé à toi aussi d’apprendre un nouveau mot/concept et de sursauter avec amusement et incrédulité quand tu le réentends ou le vois dans un tout autre contexte. Bizarre comment parfois quelque chose d’inconnu depuis toujours, après s’être immiscé une seule fois dans la tapisserie de notre vie, puisse infiltrer ensuite presque magiquement d’autres fils complètement indépendants, et ainsi finalement colorer une grande partie de qui se déploie en nous et autour de nous. C’est comme si quelque chose à quelque part autour de nous (ben oui c’est très vague mais j’ai pas plus d’idée que ça d’où ça peut venir), bref, l’Univers (on va l’appeler comme ça pour l’instant) voulait s’assurer qu’on ne l’oublie pas.
Et bien, voilà, mein liebster Ohrwurm – mon ver d’oreille préféré – actuellement est l’équanimité.
C’est peut-être un mot que tu connais déjà, si c’est le cas, n’hésites-pas à nous écrire en commentaire ta définition de ce que c’est pour toi!
Si, comme moi il y a quelques semaines à peine, tu as dû faire un « double take », ou une double lecture de ce nouveau mot, ben… Bienvenue dans le club!
Je pourrais te sortir la définition du Larousse, mais… je préfère faire l’exercice de te le décrire selon ce que j’en ai compris durant les dernières semaines. Tu sais, en bonne archéologue que je suis, c’est toujours plus intéressant de creuser en soi la réponse que d’aller la chercher ailleurs.
Alors, pour moi, l’équanimité, c’est l’art, oh oui, le grand art d’être détaché devant ce qui se déroule en soi ou à l’extérieur de soi.
Ce n’est pas faire preuve d’indifférence ou d’ignorer ce qui se produit, nenon!
C’est d’avoir la capacité de ressentir l’émotion ou la sensation, et en même temps de ne pas être envahi par ce qui nous habite. C’est d’avoir ce recul si précieux qui nous permet d’observer sans être en réaction d’attachement ou d’aversion envers ce qui est.
Observer et accueillir ce qui est, sans s’y identifier ou s’en définir.
Si tu me lis depuis un petit bout, peut-être que tu sais à quel point l’équanimité ne faisait pas du tout partie de mon vocabulaire ni de ma posture face à ce que je vivais. J’étais et je suis encore quelques fois cette tornade émotive qui n’a définitivement pas beaucoup de recul. C’est aussi l’une des multiples raisons qui expliquent mon cheminement des derniers mois.
Comment aurais-je pu être en mesure de faire des choix conscients dans ma vie alors que j’étais immergée dans mes émotions, taraudée en alternance par l’urgence de ma réactivité, mon aversion à la souffrance ou mon attachement au plaisir?
Tu sais, on a pas beaucoup de certitudes dans la vie, mais celles qu’on a ont, en tout cas, le mérite d’être claires!
On va tous mourir un jour, on va connaître des hauts et des bas, des joies et des peines et tout change constamment.
C’est assez ironique quand même que j’aie à la fois à l’intérieur de moi cette certitude que je vais avoir de la peine et cette terreur paralysante de la vivre, cette peine. Je résiste cette idée que je vais avoir mal.
Et c’est là, la source de la souffrance. La résistance à ce qui est.
Ça ne veut pas dire non plus d’accepter tout ce qui se présente à nous et d’y être soumis.
Pour t’imager le propos, le cheval qui est attaché par une corde à un arbre peut très bien souffrir du fait d’être attaché et perdre son énergie à paniquer, à faire les 100 pas (ou les 10 pas) autour de l’arbre et s’enrouler encore davantage autour de l’arbre.
Il peut aussi observer en lui l’inconfort et la peur d’être attaché, l’accueillir et s’en détacher, et ensuite avoir l’espace mental nécessaire pour trouver une solution à son problème.
C’est ça le grand pouvoir de l’équanimité. Faire le choix conscient de ne pas dépenser de l’énergie à résister (ou s’attacher) à ce qui est. C’est un grand pouvoir, car en ayant de l’espace et du recul, on peut consciemment choisir l’action que l’on posera pour régler le problème, et ne plus être en réaction qui est, elle, bien souvent inconsciente.
En même temps, comme Spiderman dit : « With great power comes great responsibility », et c’est absolument vrai. Ce n’est pas parce que notre équin équanime a pris une décision dans un état de calme qu’elle est efficace! La qualité de l’action a elle aussi une grande importance.
C’est là toute la nuance puissante et incroyablement porteuse de sens de la response-hability, mais ça, ce sera pour une autre fois!
J’ai envie de te faire réfléchir, et de t’inviter à passer à l’action consciente pour pousser ta réflexion un peu plus loin, un peu plus concrètement et de te donner l’opportunité à toi aussi de devenir un/une archéologue de toi-même!
Alors voici mes questions, mes journaling prompts, auxquelles tu peux répondre par écrit dans ton journal ou sur ton ordi dans un dossier que tu peux nommer… Archéologie psychologique, mon excavation vers l’équanimité, réflexions et fouilles poussiéreuses, bref… laisses aller ta créativité! Je t’invite à laisser des traces écrites de tes réflexions, parce que c’est plus puissant et c’est aussi toujours intéressant d’aller se relire, quelque temps plus tard… et voir comment le chantier a progressé! Donc à ta plume!
- Ai-je déjà fait consciemment preuve d’équanimité dans ma vie? Comment ça s’est déroulé dans ma tête? Quelle(s) question(s) me suis-je posée(s) à ce moment? Qu’est-ce qui a provoqué ce recul face à ce que je vivais/observais/ressentais?
- Y’a-t-il un moment où ça m’aurait servi de faire preuve de plus d’équanimité? Comment puis-je apprendre de cette expérience? Quelle leçon puis-je en retirer?
- Comment puis-je m’aider à développer davantage d’équanimité dans ma vie?
Quels pourraient être les signes d’alarme que je peux utiliser pour prendre un pas de recul à l’avenir?
J’espère que ce texte t’a plu ou du moins t’a fait réfléchir. Peut-être même qu’il t’a dérangé(e). Dans tous les cas, c’est ok. Tu es accueilli(e), ce qui est, est.
Avec amour, vulnérabilité et bienveillance, xxx